Chevreuil

 

 Fiche d’identité

 

  • Nom vernaculaire : chevreuil européen (français) 
  • Nom latin : Capreolus capreolus (Linneaus, 1758)
  • Dénomination :
    • Jeune de la naissance à 3 mois = faon ;
    • Jeune de 4 mois à 1 an = chevrillard ;
    • Mâle adulte = brocard ; Femelle adulte = chevrette.
  • Classification : Mammifère / Ongulé / Cervidé
  • Statut de conservation (UICN) dans le monde, en Europe et en France : Préoccupation mineure (LC)
  • Statut règlementaire : En France, le chevreuil est une espèce chassable selon l’Arrêté du 26 juin 1987 fixant la liste des espèces de gibier dont la chasse est autorisée Espèce faisant partie de l’annexe III de la Convention de Berne (Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe)

 

Brocard (mâle chevreuil) © A. DEROZE

 

Brocard (mâle chevreuil) © A. DEROZE

 

 

 

Régime alimentaire et place dans la chaîne alimentaire 

Le chevreuil européen est herbivore strict. Son système digestif n’étant pas très performant, celui-ci doit choisir une nourriture concentrée et digeste et a donc un régime alimentaire peu varié. Il consomme majoritairement des espèces végétales ligneuses et semi-ligneuses (chêne, ronce, épicéa, Cornouiller, lierre…), secondairement des espèces herbacées (trèfle, muguet, violette…) et quelques fruits, feuilles et champignons.

Sa consommation sur les espèces ligneuses peut provoquer des dégâts sylvicoles par abroutissement (aussi par frottis lorsque les mâles frottent leurs bois à l'écorce des arbres pour marquer leur territoire).

Comme le chamois, le chevreuil a également besoin de sel, qu’il consomme en léchant des rochers qui en sont imprégnés ou sur des blocs disposés par les éleveurs.

  

Dans la chaine alimentaire, les principaux prédateurs du chevreuil sont le loup et le lynx, le chevreuil étant la proie de prédilection de ce dernier. Sans pouvoir en connaître la part de prédation de façon précise, les chiens errants semblent également avoir un impact sur le chevreuil, jeune ou adulte.

 

Brocard en phase d'alimentation © N. FASSE

 

Brocard en phase d'alimentation © N. FASSE

Abroutissement sur sapin pectiné © P. BERTSCHY

 

Abroutissement sur sapin pectiné © P. BERTSCHY

Reproduction et paramètres démographiques

La maturité sexuelle  est atteinte vers 1 an pour les deux sexe. La longévité moyenne observée en nature chez le chevreuil est de 6 à 7 ans.

 

Le cycle de reproduction du chevreuil se déroule de la façon suivante:

 

 

 

Mode de vie

 La « cellule familiale » est composée de la chevrette et de son jeune de l’année. Celle-ci vit généralement seule avec son jeune de sa naissance au mois d’avril/mai de l’année suivante.

 

En hiver, on peut toutefois observer des regroupements en milieu ouvert à forte densité. Les mâles quant à eux vivent seuls sur un territoire donné.

 

Au printemps, en amont du rut, ils commencent à défendre leurs territoires des autres mâles. Le brocard marque alors son territoire par des frottis (frottement des bois sur les arbres) ou grattis (frottement du sol). Cependant, plusieurs mâles vivent parfois à côté les uns des autres sur un même territoire avec une relation de dominance et de subordination. 

 

Chevrette et son faon © C. FUMEY

 

Chevrette allaitant son faon © C. FUMEY

 

Domaines vitaux

Après presque 1 an passé aux côtés de sa mère, le jeune disperse dans l’espace. Si les jeunes brocards sont en errance avant de trouver un territoire non occupé par un autre mâle, les femelles trouvent rapidement un territoire proche de leur lieu de naissance. Sédentaire, le brocard occupe un domaine vital d’une superficie comprise entre 30 et 70 ha (donnée issue d'études dans des milieux différents du massif jurassien) et y reste souvent plusieurs années de suite. En hiver, il se déplace peu et reste généralement au centre de cet espace. Au printemps et en été au contraire, il occupe la totalité de son territoire, à la recherche de femelles avec qui se reproduire. Les femelles ne sont pas territoriales mais restent souvent dans le territoire d’un mâle avec qui elles peuvent se reproduire plusieurs années de suite.

 

Exemples de domaines vitaux de chevreuils observés dans le Jura et dans l'Ain.  Important: pour assurer la quiétude des individus, seules les données des ongulés morts seront présentées de façon détaillée sur ce site.

 

Domaine vital annuel d'une chevrette suivie dans le Jura

 Domaine vital annuel d'une chevrette suivie dans le Jura

Domaine vital annuel d'un brocard suivi dans l'Ain

 Domaine vital annuel d'un brocard suivi dans l'Ain

 

 Habitats

L’habitat du chevreuil est très diversifié : plaine, forêt, bocage, parfois même des zones humides. Mais ce dernier affectionne particulièrement les milieux forestiers de couvert bas (taillis ou taillis sous futaie) en lisière de cultures, de près ou de forêts constituées d’autres peuplements.  Toutefois, certains auteurs distinguent deux « types » de chevreuils. Le chevreuil décrit précédemment correspondrait au chevreuil forestier. Il existerait également des chevreuils dits de plaine qui se regroupent en harde d’une dizaine d’animaux maximum dans des milieux très ouverts.

Historique de la répartition du chevreuil en France

Aujourd’hui, le chevreuil européen (Capreolus capreolus) est présent sur une grande partie de l’Europe, du Sud au Nord du continent.

 

Cette répartition géographique n’a pas toujours été aussi vaste. En effet, entre le XVIIIème et le XIXème siècle, les archives témoignent d’une quasi-disparition du chevreuil en Europe et en France, sans doute due à une augmentation de la pression de l’homme sur la nature (défrichage, mise en culture de terres, développement des armes pour la chasse…). Il faut attendre le XXème siècle, pour que l'aire de présence augmente à la suite d'opérations de repeuplements , ainsi que l'apparition des plans de chasse et réserves.

 

Actuellement, le chevreuil est implanté quasiment sur tout le territoire national, à l’exception de la Corse, d’une partie du pourtour Méditerranéen et du Nord.

 

Le massif Jurassien a subit la même évolution, même si le chevreuil n'a jamais complétement disparu des grands massifs forestiers du Haut-Jura.

En 1977, un renforcement des populations a été mené par les FDC, puis un plan de chasse obligatoire a été instauré en 1978. 

Aujourd'hui, le chevreuil est présent sur tout le massif. 

Le chevreuil, un animal soumis au plan de chasse

En France et dans le massif Jurassien, la chasse du chevreuil est fortement développée.

 

Dans ce massif, l'espèce est principalement chassé en battue à l’aide de chiens courants en automne/hiver, mais aussi à l’approche en été (brocard uniquement).

 

Les plans de chasse (quotas), instaurés par la loi de 1963, deviennent obligatoire pour le chevreuil à partir de 1978. A l’échelle du territoire français, les données recueillies à partir de ces années-là attestent d’une augmentation constante des prélèvements de cette espèce au cours du temps.

 

Sur l’ensemble de la chaine du Jura, les prélèvements à la chasse ont connu une forte progression à partir de 1987 environ et ce pour environ 10 ans. Puis, on constate que les prélèvements se sont stabilisés à partir de 2007 après avoir chuté au début des années 2000.

 

Localement, il peut être suspecté l'apparition de phénomènes de densité-dépendance (dégradation des paramètres démographiques de la population en raison de surdensités). Cependant, le phénomène est sans doute plus complexe et multifactoriel, intégrant des facteurs environnementaux, le retour du lynx et sa prédation et des plans de chasse à ajuster.

 

La réinstallation des espèces proies comme le chevreuil s’est faite avant la réimplantation des grands prédateurs comme le lynx. Avant la réinstallation de ce félin, les chevreuils n’étaient donc chassés que par les hommes. Or, ce n’est plus le cas, le chevreuil connaissant une double pression de chasse, par les hommes et par le lynx. 

 

Il convient donc d'intégrer cette double "prédation" afin de gérer durablement les populations de chevreuils.

Évolution des prélèvements de chevreuils par la chasse à l'échelle du territoire français - données issues de RÉSEAU ONGULÉS SAUVAGES, 2018 

Évolution des prélèvements de chevreuils par la chasse à l'échelle du territoire français - données issues de RÉSEAU ONGULÉS SAUVAGES, 2018

 

 

Évolution des prélèvements de chevreuils par la chasse dans les départements de l’Ain, du Doubs et du Jura - données issues de RÉSEAU ONGULÉS SAUVAGES, 2018

 

Évolution des prélèvements de chevreuils par la chasse dans les départements de l’Ain, du Doubs et du Jura - données issues de RÉSEAU ONGULÉS SAUVAGES, 2018

 

Bibliographie/sitographie

Anciaux M.-R., Herrenschmidt V., Libois R.M. 1991. Choix de l’habitat par le lynx européen et par sa proie principale, le chevreuil, dans un milieu de moyenne montagne (massif vosgien). 1. Le cas du chevreuil. Cahiers d’Ethologie 11, 51‑66.

 

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Muséum National d’Histoire Naturelle 2003c. Taxonomie de Capreolus capreolus (Linnaeus, 1758) - INPN [WWW Document]. Inventaire National du Patrimoine Naturel. URL https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/61057 (consulté le 4.28.21).

 

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Actes du colloque scientifique Reculet, Gex.

 

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